samedi 3 octobre 2009

Shabbat à bord






Il est 10h15 et face à nous se dresse une ligne d’immeubles blancs. C’est Ashdod. Ville nouvelle israélienne, ville d’immigrants juifs, les croisés modernes venus du monde entier. On devrait y rester deux jours. Mais aujourd’hui, c’est shabbat. La glandouille totale. Pour nous à vrai dire, c’est tous les jours shabbat. Pour ceux qui vivent en face, ça veut dire zéro boulot. Sur le port, il n’y aura personne pour attraper la corde. On jette l’ancre. On est scotchés là jusqu’à demain matin.

C’est dommage. C’est tout près. Quatre kilomètres, estime le capitaine sur le radar. On pourrait presqu’y aller à la nage. Sauf qu’il y a des caméras vidéos sur les plages. J’avais oublié qu’on arrivait dans un pays sous tension permanente.


Sur la carte, la bande de Gaza est toute proche. Environ 40 kilomètres au sud. A quoi ça ressemble ? Comment les gens survivent-ils dans cette enclave ? De loin, ça ressemble à une réserve. Les Palestiniens sont les Indiens d’Amérique, armés d’arcs et de flèches, victimes d’autres victimes, victimes de ceux qui s’assignent des missions divines, victimes des ambitions des uns et des autres, victimes d’eux-mêmes sans doute aussi.


On a toute la journée pour ne rien faire. Mais il y en a, même à l’arrêt, pour qui ce n’est pas shabbat. Rigi par exemple, perché à trois mètres du pont 10 qui assure la maintenance sur le bateau de sauvetage. Il se marre en me voyant, me demande si je vais courir dans la salle de gym. Lui n’y va jamais. Pas le temps. « Je fais de la gym tous les jours en plus dur », plaisante le matelot philippin.

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