dimanche 4 octobre 2009

Franco, steward charmeur et débordé



Dans notre cabine, Franco a déjà fait le lit, plié les serviettes de bain. Il a laissé sa femme sur le quai. Comme à chaque fois. Sa Pénélope habite sur les pentes du Vésuve. Là-bas, dans les terres au-dessus de Pompéi. On le devine déjà : Franco est notre mère à tous. Il parle italien, donc beaucoup avec ses mains.

Franco, c’est l’Italien charmeur dans toute sa splendeur. Napolitain, corrigerait-il. Celui qui ouvre les bras en criant « bella » à l’autre bout du couloir quand il nous aperçoit. Qui nous poursuit de ses incantations à « mangare, mangare » pour peu qu’on le croise 10 minutes avant l’heure du repas. On est à peine parties que c’est déjà devenu un rituel.

Le sien est une course contre la montre permanente. Car Franco court partout, au service des officiers, au service des passagers, plus ou moins nombreux selon les traversées.

On le voit passer la serpillère dans un couloir, repasser les chemises des officiers dans une salle, servir les pastas au mess. Il plie même les tee-shirts de Cathy et le pyjama de Marie-Josée ! « C’est pour ça que je garde la ligne », dit-il en rigolant. Et aussi parce qu’il fait des altères dans la salle de gym. « Devinez mon âge ? » « Cinquanta cinque », répond Cathy. Franco en a 60. Dont 37 sur les bateaux de Grimaldi.


Huit mois par an, 14 heures par jour. De 6h du matin à 14h, de 16h à 22h. Pour 2.700 euros par mois, « seulement les mois où je travaille. On ne gagne pas beaucoup ici. » Avant, il était steward sur les navires de passagers. « Grimaldi en avait trois. Ça s’est arrêté en 1998. Il n’y a plus que des cargos aujourd’hui. » Beaucoup moins de passagers, mais « multo laboro » pour Franco, seul steward à bord qui regrette les années passées.

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