dimanche 4 octobre 2009

Francesco de Rosa


Dehors, le vent souffle. Ça caille. Cette nuit, on passera au large du cap Sounion. Sur la passerelle, le commandant montre le chemin. Son nom complet est Francesco de Rosa, marquis de Rodis ou de je ne sais quel royaume. Depuis 1972, il a promené sa moustache de Gaulois jaunie par la nicotine un peu partout à travers le monde. Ça fait huit ans qu’il travaille avec Grimaldi. En tant que salarié de la compagnie, il a des congés payés, quand la plupart des marins sont sous contrat. Plus de contrat, plus de salaire.


Lui était dans le golfe du Mexique auparavant. Avant ça, il avait l’habitude de faire le tour de l’Afrique. Si on lui demande le coin de mer qu’il préfère, on a une drôle de réponse : « je voudrais faire le tour de la mer Morte, ce serait peinard ». Il la connaît bien. Il vit entre Ashdod en Israël et Rodi, le petit village où il est né sur les bords de l’Adriatique. S’il travaille sur cette ligne, c’est parce qu’il peut faire escale chez lui de temps en temps.

En Italie, il a des restes de château et des ancêtres en costumes sur des vieux tableaux. En Israël, il a sa femme, docteure dans un hôpital de Tel-Aviv. Il a aussi cinq filles, dont une qui étudie en Hongrie. Des belles-sœurs hollandaise et irlandaise. Un gendre arabe de Nazareth. « Dans ma famille, on parle anglais, Italien et hébreu. Quand on se retrouve, c’est Babel. »

L’autre soir, il nous a montré les photos d’un monastère orthodoxe dans lequel il passe de temps en temps ses vacances à restaurer de vieilles pierres. C’est perdu en plein cœur du Sinaï, dans le désert égyptien. La mer, pour lui, n’est pas forcément synonyme de repos.


Hier soir, la tempête a été terrible à Egine, l’île en face du Pirée. La Méditerrannée est traitre. « On en a essuyé une énorme entre Limassol et Ashdod en février dernier, mais on n’a rien perdu. »

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