Le détroit de Messine

19h20. A notre droite, on voit les premières lumières de la botte italienne. Ce soir, on passe le détroit de Méssine. Un mince couloir maritime entre la Sicile et le gros orteil du continent italien, la Calabre. La passerelle est plongée dans le noir, comme les ponts du Gran Bretagna. Restent la lumière de navigation, au niveau du radar, et une autre à l’arrière du bateau. « Pour être mieux vus des autres bateaux et du pilote », dit Daniele. Pour nous, ça créé une atmosphère. Un peu comme si on était au spectacle.

A son niveau le plus étroit, le détroit de Méssine mesure seulement deux kilomètres de large. Une goutte d’eau, surtout avec la circulation. Il y a des bateaux devant nous, d’autres qui arrivent en sens inverse, d’autres encore qui nous suivent. C’est pour ça que le port de Méssine envoie un pilote à bord. Il arrive à 21h. Sur la rive de la Calabre, on voit tout en modèle réduit : les routes, les voitures, les camions.

Le vent est tombé. On contemple les côtes, les phares, la nuit. Mais pas les étoiles. Il y a trop de nuages.

C’est la troisième fois qu’Inball et son mari passent le détroit de Méssine pour aller en Europe. Elle désteste l’avion. Elle me parle d’un site internet anglais, le site 61 ?, qui propose des itinéraires permettant d’éviter l’avion sur toute la planète. Il faudra que j’aille voir ça.

Demain, on retrouve le plancher des vaches. Demain, on prend le train.