samedi 3 octobre 2009

Lundi 21 septembre

Hier, on devait partir ce soir. Ce matin, on devait aller à la Mer Morte. Ce matin, on apprend qu’on doit être rentrées à 11h. Il est 9h30, Valérie, notre taxi driver, nous attend, Marie-Josée, Cathy et moi, devant la porte du port. Mais on ne va plus à la Mer Morte. Pas le temps. A la place, Valérie nous propose une baignade dans les eaux thermales du kibboutz de Hami Yavé.


Valérie est né en France, a vécu à Paris. « Ma mère voulait une fille et elle ne savait pas écrire. C’est pour ça que mon prénom s’écrit ie à la fin. » Hier, on a communiqué en anglais. Avant que Valérie s’exclame : « vous êtes de France ? Mais moi aussi. » Il est venu à Ashdod à l’âge de 9 ans avec ses parents. Il en a 25 de plus aujourd’hui, trouve Ashdod magnifique. Moins cher que Tel Aviv, mieux organisée, sans problème de stationnement. La famille de sa mère, un de ses frères, les frères de son père… Beaucoup sont restés en France.

Il a son idée sur la question. « Je pense que c’est pas leur maison. Tout le monde doit vivre chez lui. Les Américains aux Etats-Unis, les Français en France, les Juifs en Israël… » Je lui fais remarquer qu’on peut être « juif français, juif américain ». Mais pour lui, on est juif avant tout le reste. Pour lui, les Juifs sont des Juifs d’Israël, même ceux qui ne se revendiquent pas comme tels. Une notion exclusive.


Ce n’est pas la religion qui parle. C’est la loi du sang. Celle qui enferme les gens au lieu de les libérer. Celle qui trace les destins avec ou malgré la volonté des êtres humains. Celle intériorisée par quantité de gens que savent si bien manipuler les extrémistes de tous poils. La loi du sang pue l’enfermement volontaire ou forcé. Je repense aux chanteurs de Zebda, à ce saxophoniste de la Nouvelle Orléans pour qui « on est d’où l’on vit », « we belong where we live, where we choose to live. » On peut rêver. On peut être ce que l’on veut ou peut devenir. C’est un monde qui s’ouvre, le contraire d’une prison.

Valérie n’est pas religieux. Les intégristes juifs, ils les appellent même les barbus. On passe devant un quartier d’Ashdod. « Ici, pour shabbat, ils ferment même les portes. Personne ne peut rentrer. Moi je suis pas religieux : j’ai pas le droit d’acheter une maison dans ces immeubles. C’est marqué sur les papiers.» A Ashdod, il y a une plage avec des aménagements séparés pour baigneurs et baigneuses orthodoxes. « Quand ils voient une jolie fille, les hommes en noir tournent leurs chapeaux pour ne pas les voir… Mais y en a, ils font des trous dedans », rigole Valérie.

Dans les bains de Hami Yavé, les hommes et les femmes sont mélangés. L’eau est bouillante et sent le soufre.

On est en terre sainte. Qu’est-ce que cela veut bien dire ? Que les autres sont pourries ?

Hier, Marie-Josée a voulu glisser un papier dans les interstices du mur des Lamentations. Elle s’est fait arrêter par une supersticieuse : « you cannot put the message in today because God will be very unhappy. » C’est comme ça: le dimanche, Dieu ne lit pas les messages des mortels. Il ne faut surtout pas le déranger. Penaude, Marie-Josée a remballé son bout de papier.

Alors qui a bien pu le mettre en colère ? Il s’est fâché tout rouge au-dessus de la Sardaigne et du Sud de l’Italie. Et on récupère les restes de son courroux à des centaines de kilomètres. Les côtes d’Israël sont derrière nous. On file vers l’Ouest. Le zef souffle comme un bœuf. La houle s’est formée.


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire